Grâce au soutien de Lumière pour le Monde, le Dr Selina Mruma, 34 ans, a terminé avec succès ses études d’ophtalmologie à Muhimbili. Elle peut traiter la plupart des affections oculaires au sein du St Joseph’s Mission Hospital à Songea, dans la région de Ruvuma, en Tanzanie.
Seuls des soins oculaires de base étaient dispensés dans cette région de 2,3 millions d’habitants. Pour des interventions chirurgicales, les patients devaient se rendre dans la capitale Dar es Salam. Un obstacle infranchissable pour beaucoup. C’est pourquoi Lumière pour le Monde a renforcé le service ophtalmologique de cet hôpital régional. Le Dr Selina nous explique son travail et le soutien qu’elle a reçu dans sa carrière.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir ophtalmologue ?
Je crois que l’ophtalmologie apporte espoir et bonheur aux personnes aveugles en leur rendant la vue. Cela leur donne une autre chance de continuer à vivre leur vie normalement alors qu’elles la pensaient terminée à cause de la cécité.
Dans les zones rurales, beaucoup sont aveugles à la suite de maladies traitables comme la cataracte. La pénurie d’ophtalmologues les pousse à parcourir de longues distances pour se faire soigner, et la plupart ne peuvent se payer ni transport et ni traitement. J’ai donc souhaité contribuer à résoudre ce problème en travaillant à St Joseph pour que les habitant.e.s de Ruvuma puissent recevoir un traitement à proximité.
Quel est votre parcours professionnel ?
Avant ma spécialisation, je possédais peu d’expérience en ophtalmologie. J’ai passé deux semaines dans le service d’ophtalmologie de Mwanza, puis deux mois dans celui de St Joseph. Finalement, j’ai effectué un internat d’un an à St Joseph puis travaillé deux ans comme médecin au département pédiatrique.
Quel soutien avez-vous reçu de Lumière pour le Monde ?
L’ONG m’a soutenue tout au long de ma spécialisation en payant mes frais de scolarité, ma bourse, mes repas, mon logement… Elle a vraiment fait de mon rêve une réalité. Elle a aussi appuyé notre département d’ophtalmologie en fournissant machines, instruments et médicaments de qualité.
Qu’aimez-vous le plus et le moins dans votre travail ?
C’est une grande satisfaction de voir mes patient.e.s retrouver une meilleure vue après leur traitement. Je suis aussi ravie lorsqu’une personne souffrant de douleurs oculaires sévères (ulcères de la cornée ou tension oculaire élevée) me dit qu’elle peut maintenant dormir la nuit car sa douleur a disparu.
Tout bon travail comporte des difficultés et défis. La partie la plus difficile du mien est d’annoncer à des personnes qu’elles ne pourront pas retrouver la vue, même après le traitement. Soit parce qu’elles se sont rendues trop tard à l’hôpital, soit parce que leur problème est incurable.
Avez-vous des rêves pour l’avenir ?
Je rêve de devenir la meilleure ophtalmologue qui soit, maîtriser autant d’opérations que possible avec des résultats optimaux. Cela viendra par la pratique et avec l’expérience, même si cela signifie suivre des cours de courte durée ou les conseils de médecins expérimentés. Devenir ophtalmologue pédiatrique fait partie de mes projets, mais je ne veux vraiment pas m’y limiter car je suis seule ici et dois aider toutes les personnes qui viennent me voir. J’espère aussi que notre département ophtalmologique se développera pour devenir le plus grand centre ophtalmologique du sud de la Tanzanie, avec des ophtalmologues et membres du personnel plus spécialisé.e.s et plus nombreux.ses.
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